Edouard Reniaume a 28 ans et vit à Paris. Il est actuellement en CDD d’un an au sein de l’association ASTREES.
En France, la société nous dit d’aller loin à l’école et d’avoir de nombreux diplômes. Es-tu d’accord avec ça ? Peux-tu nous expliquer ?
Non je ne suis pas tout à fait d’accord avec ce principe. Il n’est pas nécessaire d’avoir de nombreux diplômes pour aller loin. C’est une sorte de diktat qui est rentré dans les moeurs au niveau de l’éducation nationale et il est vrai qu’en France on a du mal à aller loin sans diplôme, il faut redoubler d’effort pour y arriver.
Il est tout à fait possible et même nécessaire au 21 siècle d’orienter les élèves à partir du collège et du lycée, non pas forcément vers des métiers dit “intellectuels” mais aussi vers des métiers manuels dans lesquels ils pourront s’épanouir. Par exemple : j’ai quelques amis qui ont fait des études en gestion/finance. Arrivés à 25, 28 ans ils veulent déjà changer de secteur car leur métier ne leur plait pas et même s’ils sont bien payés, ça ne leur suffit plus, ils ont envie d’être épanouis au travail.
Pour toi est-ce qu’un diplôme valorise plus que l’expérience ?
Ca dépend. Un diplôme est valorisant lorsqu’on n’a pas d’expérience. Après je ne dirais pas qu’un Bac+5 vaut 5 ans d’expérience. De plus, aucun diplôme ne vaut 6 ou 7 ans d’expérience dans un métier précis. Néanmoins un diplôme reste important pour avoir de bonnes bases et permet de rentrer plus facilement sur le marché du travail.
Comment vois-tu le monde du travail aujourd’hui ?
En forte mutation. Il est clair que nos parents étaient susceptibles de rester dans une entreprise toute leur vie avec le même poste ou avec une évolution en interne. Il y avait une évolution professionnelle assez faible, on changeait rarement d’entreprise. Aujourd’hui des études montrent que nous sommes susceptibles de travailler dans une dizaine d’entreprises différentes durant notre parcours professionnels. On peut noter également une différence managériale. Avant, on avait un management très descendant, très hiérarchisé. Maintenant on est passé à une forme de management plus horizontal en laissant plus de liberté au salarié, en étant à l’écoute et en partageant avec eux les axes de progrès pour l’entreprise. Un salarié heureux d’aller au travail et un salarié performant pour l’entreprise.
Quelles sont tes ambitions pour ton futur professionnel ?
Ma principale ambition dans mon futur professionnel c’est de m’épanouir et de trouver du sens à mon activité tout en ayant un salaire confortable. Pourquoi pas une deuxième année à ASTREES car le travail que j’effectue pour le moment me plait.
Avant de rentrer dans la vie active, as-tu connu ce “parcours du combattant” : chômage, stage non payé, CDD ? Peux-tu nous dire un mot sur ta trajectoire professionnelle ?
Alors j’ai connu les stages rémunérés, un peu de chômage, des jobs alimentaires pour finalement intégrer assez facilement le marché du travail. Si il y a un conseil que je peux donner quand on répond à une offre d’emploi c’est de bien savoir à quel type d’offre on postule et mettre en exergue ses compétences relativement à la fiche de poste. Enfin utiliser les mêmes éléments de langage que l’entreprise dans laquelle tu postules. Ainsi, la personne qui va lire ta lettre va comprendre tout de suite que tu as bien appréhendé le poste car tu utilises le même langage qu’elle.
Pour finir, un entretien d’embauche on n’y risque pas sa vie, il faut y aller sereinement. Si tu y va stressé, ça se ressentira. Il faut être serein, renseigné sur l’entreprise, le poste et il faut réussir à mettre en avant ses forces en minimisant ses faiblesses et en essayant de séduire et convaincre.
” Il y a une certitude : les jeunes d’aujourd’hui n’ont jamais été aussi qualifiés, ça se voit dans leur niveau d’études, les jeunes n’ont jamais eu autant de compétences, n’ont jamais réussi à innover autant” selon William Martinet ancien Président de L’UNEF dans ”Être jeune en France” sur France 24. Est-ce que tu partages cet avis ?
Oui je partage cet avis toutefois c’est vrai qu’en cumulant les diplômes et les compétences on devient chers sur le marché du travail, ce qui n’est pas forcément facile pour l’intégrer et d’autre part on en oublie les valeurs humaines et la simplicité qui font la vie en entreprise.
On se met la barre trop haut, on ne veut pas rater un entretien d’embauche donc la pression est forte.
Au final on ne laisse pas la chance aux personnes qui ont un raté quelques questions lors de l’entretien, qui ne sont pas assez lisse. Or, une fois en poste, elles pourraient révéler beaucoup de qualités dans la mise en pratique de leurs compétences.
En tant que jeune de France aujourd’hui, que penses-tu du phénomène d’expatriation ? ( 23.9% d’expatriation chez les jeunes diplômés de France). As-tu déjà pensé à t’expatrier ? Si oui, pour quel pays en particulier ? Si non, pourquoi ?
Oui, tout le monde pense à s’expatrier. Cependant, cela il ne me semble pas que cela soit dû à un manque de débouchés en France mais plutôt que les jeunes ont envie de voir ce qui se passe ailleurs. En voyageant, on s’enrichit personnellement. Ce n’est pas pour ça que les expatriés ne reviendront pas en France dans 10 ans apporter tout le savoir qu’ils ont acquis. C’est comme ça que les sociétés s’enrichissent, grâce aux mélanges des cultures.
⅔ des écoliers de maternelle exerceront un métier qui n’existe pas encore aujourd’hui.
Chief freelance, Responsable RSE, Happiness Officer. En connais-tu ?
Ce chiffre me parait un peu exagéré. On pourra toujours jouer sur l’intitulé des postes. Par exemple, on ne parle plus de femme ou homme de ménage mais d’agent d’entretien. On ne parle plus d’ouvrier mais de manutentionnaire ou opérateur sur commande numérique. Or la fonction reste la même.
Même si l’on voit s’opérer clairement une révolution dans les métiers du numérique
Je ne pense pas que dans 20 ans on ait révolutionné les deux-tiers des métiers qui existent en France.Il y aura toujours de l’industrie, de l’agriculture et des services.